L'Hôtel de Pelvoux

déc 09, 2015 / 0 comments

Je ne suis pas une grande sentimentale, plus une symbolique, je m'attache aux petits moments, aux photos, aux films de famille. C'est difficile pour moi de dire "Je t'admire" mais bien moins de l'écrire et comme on a que trop peu l'occasion d'exprimer ce genre de sentiments au cours de notre vie, je le fais. Mamie, je t'admire.

Oui Mamie, tu es la femme que je veux devenir. Douce et forte en même temps, stable, droite, douce. Tu as été enseignante à une époque où, dans les montagnes, les femmes ne travaillaient pas beaucoup, tu as traversé une guerre innommable et affronté bien plus encore. Tu as mené à bien un projet de famille avec un mari bourru et des enfants turbulents. Je me souviens de chacune des anecdotes sur ta vie, sur le bus que tu prenais ou le vélo que tu enfourchait pour descendre dans la vallée pour aller travailler à Parchet, la Grave ou bien Puy-Aillaud. Quand tu me les racontais, j'imaginais le vent sur ton visage, l'air frais de la montagne, l'odeur de l'herbe et tout ce qui avait du faire ces petits moments. Je me souviens que tu me parlais de mon père et d'à quel point il faisait des bêtises, comme quand il t'a caché pendant deux jours qu'il s'était cassé le bras à l’Argentière. Je me souviens comme tu ne te souviens pas de tout.

Lorsqu'on disait "Mamie l'a rangé", on était sûr de ne jamais retrouver l'objet convoité, j'ai gardé la même étourderie. Dans tous ces traits que nous avons en commun, je trouve autant de raison de tenir à toi, à nous, à cette famille que je vois trop peu.

La montagne est dans ton sang grand-mère, tu en parles avec tellement de passion qu'on pourrait croire qu'elle a été ta nourrice. Dans l’hôtel de la famille, niché entre les pics du mont Pelvoux, nous avons passé toutes nos vacances avec ma soeur, entourée des souvenirs de la famille. Tu nous expliquais que tu n'aimais pas faire la cuisine lorsqu'il y avait des clients, que tu préférais jouer dehors, tu nous racontais la véranda, pleine de monde, je revois sur les photos les voitures devant l'hôtel, de superbes antiquités qui, alors, devaient coûter un bras. Et je ne peux m’empêcher d'être nostalgique de cette époque que je n'ai pas vécue. J'aurais aimé te connaître plus jeune, pour passer encore plus de temps avec toi, pour remonter sur les sentiers jusqu'à Dormillouse, dans la maison de héritée de Papy. Tu m'as promis il y a longtemps qu'on y remonterait ensemble. Mais à présent, tes jambes ne veulent plus t'y porter, alors remplaçons ce serment par celui-ci "Promets-moi que tu resteras encore longtemps avec nous."
 

Altitudes : 
L'argentière : 1250m
Ailefroide : 720m
La Grave : 1500m
Pelvoux : 1200m
Dormillouse : 1727m

Texte : Fanny Baridon
Photo : L'Hôtel d'Aillefroide, situé à Pelvoux le Poët 

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