Les jardiniers du dimanche

nov 23, 2015 / 0 comments

J'ai vu depuis quelques mois déjà apparaître un bout de jardin ouvert à tous le long d'un méandre de l'Isère en plein cœur de Grenoble. Qui sont les jardiniers auteurs de cette initiative? D'où viennent-ils ? Pourquoi ces efforts ?

Il y a plus de deux siècles déjà, bien avant les révolutions démocratiques ou industrielles, Voltaire faisait dire à Candide :  Cela est bien dit, mais il faut cultiver notre jardin»,

Certains ont apparemment pris ce conseil au pied de la lettre. Depuis quelques saisons en effet, tous les promeneurs, joggeurs ou habitués des berges de l'Ile Verte ont vu s'installer progressivement une installation étonnante et anarchique: un mini-jardin ouvert à tous.

Des bricoleurs du dimanche (ou du samedi), probablement habitants du quartier (mais qui sont-ils vraiment?), ont pris l'un une bêche, l'autre une pioche, quelques-uns des planches et des clous pour faire naître un bout de jardin au gré de leurs envies et de leurs inspirations, que l'on sent très improvisées et peu concertées.

Ici une nouvelle plantation, là une mini-cabane, plus loin une jardinière faite de matériaux de récupération ou un escalier en bois pour en faciliter l'accès.

Les carottes, salades ou pommes de terres voisinent sans logique apparente un sapin de Noël ou une plante en pot sauvés de quelques salons du quartier.

Des décorations de Noël et des mangeoires pour oiseaux ont même été installées l'hiver passé sur les arbres entourant le jardin.

Apparemment, ces jardiniers anonymes et amateurs, loin de toute opération concertée avec telle ou telle association, prennent simplement plaisir à faire vivre de leurs mains ce tout petit bout de berge de l'Isère et s'en trouvent simplement réconfortés, sans revendication aucune et sans attendre une quelconque médiatisation ou récompense,

La grande crue de Mai dernier est venue rappeler que ce bout de terrain revenait de droit à la capricieuse rivière Isère. Elle aurait pu avoir raison de tous les efforts entrepris par les uns et les autres. Elle a finalement eu le mérite de déposer de nouvelles alluvions, propices au redémarrage de l'activité.

Alors, Mesdames et Messieurs les jardiniers en vain, je ne sais pas qui vous êtes, je ne comprends pas vraiment ce qui vous anime mais je vous remercie pour cette initiative totalement gratuite et inorganisée. Je vais peut-être bien d'ailleurs profiter du printemps prochain pour moi aussi aller improviser quelques plantations.

Texte : Catherine Laurent
Photo : Catherine Laurent

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